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PRESENTATION
Etat cotier d'Afrique de l'Ouest, la Guinee a une forme de demi-croissant, limite au nord-ouest par la Guinee-Bissau, au nord par le Senegal et le Mali, au sud-est par la Cote-d'Ivoire, au sud par le Liberia et la Sierra Leone, a l'ouest par l'ocean Atlantique. Peuple de 7 500 000 habitants (estimation en 1998), le nouvel Etat, devenu independant le 2 octobre 1958, s'est lance d'abord dans une revolution qui se voulait exemplaire sous la direction de son responsable supreme, Ahmed Sekou Toure, qui domina la vie politique de 1945 a 1984. President de la Republique, secretaire general du parti unique, de fait inamovible, Sekou Toure avait organise un regime politique quasi sans equivalent, le parti-Etat, qui ne lui survecut pas. Les militaires sont desormais a la tete d'une IIe Republique. Objet d'admiration pour avoir ete la premiere colonie francaise a prendre son independance sans guerre de liberation et pour s'etre faite promotrice, avec le Ghana, de l'unite africaine, la Guinee a provoque maints jugements contradictoires et les plus expresses reserves par sa politique interieure et exterieure, surtout depuis 1965. Classe parmi les plus pauvres de la planete, le pays recele pourtant des richesses minieres considerables. Pendant trois decennies et demie, son regime politique - sous Sekou Toure et depuis lors - n'a pas reussi a ameliorer de maniere appreciable les conditions de vie de sa population, dont une grande partie demeure expatriee pour des raisons tant politiques qu'economiques. Pronant d'abord une revolution non capitaliste puis, depuis dix ans, le liberalisme economique, il s'efforce d'exploiter le sous-sol avec le concours interesse des puissances capitalistes et socialistes. Le defi majeur demeure: utiliser au mieux l'important pactole procure par l'exploitation des mines pour que la Guinee voie son economie decoller et le sort de ses habitants s'ameliorer, tout en respectant les droits fondamentaux de la personne humaine.
GEOGRAPHIE
Relief
Quatre ensembles naturels composent le territoire national qui s'etend sur 245 860 km2. La plaine cotiere et son arriere-pays constituent la basse Guinee, ou Guinee maritime. Le littoral, decoupe, precede d'iles (iles de Loos, de Katral), porte des avancees rocheuses (presqu'ile du Kaloum, cap Koundinde ou Verga) qui traversent les vasieres et les marais maritimes longeant les grandes rias, estuaires des fleuves venus des hautes terres interieures, dont le Konkoure. Les plaines cotieres sont dominees a l'est par de vigoureux escarpements (tels les monts Benna, 1 124 m) annoncant le massif du Fouta-Djalon. La Guinee maritime a un climat tropical tres humide: Coyah recoit 5 000 mm annuels, Kindia plus de 2 000. La moyenne Guinee (80 000 km2), qui comprend le Fouta-Djalon, est formee de horsts uses par l'erosion, resultant de mouvements tectoniques tertiaires qui ont casse le socle surmonte de puissantes assises greseuses. Celles-ci arment des plateaux etages et cuirasses (bowe en langue peule), separes par de profondes vallees. Le massif culmine a 1 538 m au mont Loura. Ces hautes terres de moyenne Guinee recoivent 1 600 a 2 000 mm annuels, et le massif, ou naissent de nombreux cours d'eau, dont la Gambie, le Senegal-Bafing et des affluents du Niger, comme le Tinkisso, a souvent ete qualifie de chateau d'eau de l'Afrique occidentale. Le bassin du haut Niger forme la haute Guinee, vaste cuvette de convergence hydrographique ou les altitudes des plaines et des bas plateaux savanicoles, parsemes de legeres ondulations, depassent rarement 500 m et ou la pluviosite, 1 100 a 1 500 mm annuels, est inferieure a celle du Fouta-Djalon. La haute Guinee, ou Guinee forestiere, au sud-est, est une region de montagnes qui englobe divers massifs de la Dorsale guineenne, dont le Simandou et le Doro, ou le Niger prend sa source, et les monts Nimba, point culminant du pays (1 752 m). Entierement situee au sud du 10e parallele, la Guinee forestiere est tres arrosee (1 600 a 2 800 mm annuels), ce qui favorise la foret ombrophile.
Climat
La Guinee maritime se distingue par une seule saison des pluies qui dure six mois avec de fortes precipitations. En moyenne Guinee, l'unique saison des pluies est plus courte (cinq mois), avec des pluies moindres. En haute Guinee, la saison des pluies se limite a trois mois; l'harmattan souffle, en fin de saison, dessechant l'atmosphere. En Guinee forestiere, la temperature et l'humidite sont constantes toute l'annee et la petite saison seche tend a disparaitre. Vegetation. En Guinee maritime, le climat et la nature des sols sont propices aux cultures tropicales. En moyenne Guinee, les sols, indures, sont impropres a la culture, sauf dans les vallees. En Guinee forestiere, la vegetation est abondante et la foret tres dense.
Hydrographie
La Guinee est le chateau d'eau de l'Afrique de l'Ouest. De nombreux cours d'eau prennent leur source dans le Fouta-Djalon (Niger, Gambie, Senegal sous le nom de Bafing) et dans la Guinee forestiere. Le Niger et ses affluents creusent en haute Guinee des plaines alluviales, souvent inondees, et bordees de terrasses amenagees en rizieres
HISTOIRE
L'histoire ancienne
On peut remonter jusqu'au IXe, voire au VIIe siecle avec les Baga, les Nalou et les Landouman. Premiers autochtones? Vinrent cohabiter avec eux, au XIe siecle sans doute, les Jalonke, d'origine mande. Leur nom devint celui d'une region de Guinee, le Fouta-Djalon. Cette partie du pays connut de nombreuses migrations au fil des siecles. Des Peuls animistes s'infiltrerent par petits groupes. Puis se produisirent les grandes vagues des Peuls et Mandingues aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siecles en provenance du Fouta-Toro au Senegal et du Macina au Mali. Avec eux ils apportent leurs coutumes, leurs cultures et surtout une religion, l'islam. Une partie des anciens occupants se vit refouler le long de la cote, en Guinee maritime. Avec les autres s'instaure une coexistence difficile jusqu'a ce que les musulmans declenchent finalement en 1727 la guerre sainte. Vainqueurs, ils ne laisserent d'autre choix aux vaincus que la conversion, l'exil ou la servitude. Traditions orales et ecrits arabes permettent de saisir quelques grands moments et de brosser a larges traits des pans d'histoire. Au IXe siecle, dans les regions du haut Senegal et du haut Niger, s'etablit un royaume mandingue, vassal de l'empire de Ghāna. Ce dernier s'etendit de l'Atlantique jusqu'au fleuve Niger et ne se disloqua definitivement qu'au XIe siecle apres avoir connu jours de gloire et heures de detresse. Il hante encore la memoire collective des peuples de l'Ouest africain, au point que l'un des nouveaux Etats s'en est approprie indument le nom en 1957: la Gold Coast est devenue le Ghana. Deux siecles plus tard, avec Niani pour capitale (Niani n'est plus maintenant qu'un petit village guineen), un immense empire se forme avec Soundiata (1230-1255). Sous le nom d'empire du Mali, il atteint son apogee au XIVe siecle, de la region nord de la Guinee jusqu'a Tombouctou. Des pays vassaux gravitaient autour de lui, depuis les regions du Senegal et de la Gambie jusqu'a Gao sur le Niger. Au XVe siecle, le declin commence, des vassaux s'affranchissent, dont un chef du Fouta-Djalon, Koli Tenguela. Avec lui s'ouvre l'ere des Peuls musulmans. Les Peuls font desormais l'histoire au Fouta-Djalon en s'isolant relativement des autres regions de Guinee, pendant toute la periode des XVIIIe et XIXe siecles. Ils vont y creer, selon T. Diallo, une sorte de regime theocratique de type feodal fonde ideologiquement sur une religion, l'islam, mais economiquement sur l'exploitation d'un esclavage familial. Les deux grands fondateurs en sont Karamoko Alpha, de 1725 a 1750, puis son cousin et successeur, Ibrahima Sori, de 1751 a 1784. Ce dernier porte le titre prestigieux d'almami. Des institutions politiques originales surgissent. Ainsi, pour mettre fin a des rivalites, le Conseil des anciens instaure, a la mort d'Ibrahima Sori, un bicephalisme d'alternance. Deux almami, l'un descendant de Karamoko Alpha et l'autre d'Ibrahima Sori, sont designes comme detenteurs du pouvoir. Mais ils ne l'exercent qu'en alternance par periodes de deux ans. Un tel systeme fonctionne jusqu'en 1896, date ou des rivalites tragiques entre les deux familles facilitent alors la conquete francaise. La page suivante de l'histoire est ecrite en haute Guinee, par Samori Toure de 1870 a 1898 avec les Malinke. Samori Toure incarne, selon Y. Person, une revolution dyula en organisant un empire chez des Malinke qui avaient renonce depuis plus de trois siecles a toute organisation politique centralisee. Veritable homme d'Etat, il se dote d'un instrument essentiel en creant une armee permanente de type moderne. Celle-ci est meme capable un jour de fabriquer des fusils a tir rapide. Il organise, autour de sa personne, un appareil gouvernemental efficace et met en place toute une structure territoriale. Bissandougou, pres de Kankan, devient sa capitale et il fait reconnaitre son autorite sur toute la haute Guinee et le sud de l'actuel Mali. Toutefois, il se heurte tres vite aux visees coloniales francaises, qui reussiront finalement a provoquer sa chute en 1898. La lutte contre l'envahisseur blanc se trouve ensuite assumee par les peuples de la foret, en Guinee forestiere, jusqu'alors demeures assez isoles de leurs voisins du Nord-Ouest. Dans chacune des regions de l'actuelle Guinee vivent ainsi des peuples aux histoires paralleles qui furent agglomeres au sein d'une nouvelle entite par la mise en place du systeme colonial. Apres l'independance, le recours aux heros (Samori Toure, Alpha Yaya) pour forger une conscience nationale dut tenir compte des resonances differentes soulevees dans les regions.
La Guinee contemporaine
De 1958 jusqu'a la mort de son chef charismatique, Sekou Toure, en 1984, la Guinee a ete enfermee dans un systeme totalitaire sterilisant les dynamismes nationaux. Le parti-Etat et la dictature d'une caste d'origine malinke, captant la rente miniere de la bauxite et pourchassant les oppositions, en particulier celle des lettres peuls du Fouta-Djalon, finirent par etouffer le pays. Les productions auparavant exportees, banane, cafe, ananas, arachide, s'effondrerent et les paysans se replierent sur leurs terroirs pour assurer leur securite alimentaire. Mecontente de la decision guineenne apres son vote negatif lors du referendum du 28 septembre sur la Communaute, la France suspendit immediatement et totalement son aide. Sekou Toure, devenu president, fit sortir son pays de la zone franc en 1960 et remplacer l'usage du francais par les langues locales en 1968. Sur le plan economique, il choisit la voie de la revolution socialiste, et la Guinee se tourna vers le bloc communiste (URSS et Chine) pour obtenir des aides et des financements que la France lui refusait. Sekou Toure imposa un pouvoir dictatorial qui chassa vers l'exil les chefs de l'opposition et une partie de la population. L'opposition, presente essentiellement a Paris, a Dakar et a Abidjan, s'organisa en 1965 pour tenter de renverser le president. Celui-ci ne cessa de denoncer des complots, fomentes avec des appuis etrangers. En 1970, soutenue par les Portugais, une expedition militaire tenta une invasion depuis la Guinee portugaise, elle fut repoussee par l'armee guineenne. En 1977, la mort en prison de Diallo Telli, ancien secretaire general de l'OUA, souleva une tres vive emotion dans l'opinion internationale. Le mecontentement grandissant de la population finit par contraindre le president a assouplir sa politique economique. Il ouvrit alors la Guinee a la cooperation avec les pays capitalistes, en particulier la France. En mars 1984, Sekou Toure mourut brutalement. Il laissait un pays ruine, des prisons pleines et des centaines de morts sous la torture. Un coup d'Etat militaire mene quelques jours plus tard porta le colonel Lansana Conte au pouvoir. Depuis 1985, la Guinee est engagee dans une serie de reformes en rupture avec l'ancien regime. En engageant deux reformes decisives (monnaie, fonction et secteur publics), les dirigeants de la Deuxieme Republique se sont attaques a deux piliers essentiels de l'heritage. La reforme monetaire a abouti a la creation du franc guineen et les effectifs de la fonction publique, 84 000 personnes en 1984, ont ete reduits de 50 %. Pres de 300
POPULATION
Bien que la population soit loin d'etre homogene, sa mosaique ethnique se revele relativement simple, comparee a celle de la Cote-d'Ivoire, par exemple: plus d'une vingtaine d'ethnies si on s'en rapporte aux langues, aux coutumes, aux formes d'organisation, aux traditions. La notion d'ethnie est loin d'etre definie rigoureusement sur le plan scientifique. D'autre part, il est difficile d'evaluer le nombre d'individus appartenant a chaque ethnie ou s'en reclamant, faute de donnees solides. Pour la Guinee, une seule enquete scientifique, menee en 1955 avant l'independance, permet des estimations serieuses dont la validite peut, au moins, etre appreciee et discutee. Ce n'est malheureusement pas le cas pour les autres estimations auxquelles on se refere parfois. Peu d'etudes ethnologiques ont d'ailleurs ete consacrees aux populations guineennes. En 1955, les Peuls auraient forme le groupe le plus nombreux (735 000), devant les Malinke (576 000), les Soussou (336 000), les Kissi (192 000), les Guerze (108 000), les Toma (90 000), a s'en tenir aux groupes les plus importants. S'y seraient ajoutes 534 000 divers repartis en seize ethnies secondaires dont le nombre d'individus oscillerait de 5 000 a 77 000: Kouranko, Dialonke, Kono, Bambara, Baga, Manon, Tenda. Toutefois, si on opere des regroupements pour tenir compte des assimilations (Baga et Landouman aux Soussou), des apparentes (Toucouleurs et Peuls) et de l'existence de sous-groupes (Kouranko, Lele..., par rapport aux Malinke), on aboutit a des proportions differentes. Les Malinke et assimiles constitueraient alors, avec de 30 a 34 p. 100, le groupe majoritaire de la population, suivi de pres par les Peuls et les Toucouleurs, avec 29-30 p. 100. Viendraient ensuite les Soussou (et assimiles) et les Forestiers (vocable reunissant les ethnies vivant dans la region forestiere), avec 17 ou 18 p. 100. Quant aux divers (Tenda, metis...), ils representeraient de 2 a 3 p. 100. Chaque groupe, a quelques exceptions pres comme les Nalou et les Baga, a su conserver une grande vitalite avec sa langue: le poular, le mande, le soussou, le kissi...; avec ses comportements, en reference a des stratifications sociales en voie de disparition: hierarchie peule avec nobles, hommes libres, artisans castes, serfs; avec sa structure familiale toujours solide: patriarcat peul ou malinke, gerontocratie des groupes forestiers; avec ses activites economiques principales: elevage chez les Peuls semi-nomades, riziculture et bananeraies chez les Soussou, culture du miel et commerce chez les Malinke, riziculture en isolats chez les Forestiers; avec sa religion enfin: islam (87 p. 100 de la population) principalement en sa voie tidjane mais vecu differemment par les Peuls, les Soussou et les Malinke; animisme (4,6 p. 100) chez les Guerze et les Kissi mais toujours latent chez les Malinke; catholicisme (4,3 p. 100) en quelques petites communautes de Guinee maritime et surtout de Guinee forestiere. Finalement, il y a un assez large accord entre les specialistes pour considerer que la Guinee presente un visage ethnique original: deux groupes predominants, sensiblement d'egale importance, deux groupes secondaires, de meme importance eux aussi. Sans posseder la meme homogeneite, ils sont cependant suffisamment caracterises les uns par rapport aux autres pour offrir les conditions d'un equilibre possible, aucun d'entre eux ne pouvant pretendre a une trop nette preponderance demographique. Mais l'integration nationale, par-dela soixante ans de colonisation, demeure un objectif permanent. Les dangers d'une trop grande regionalisation existent. Les groupes forestiers sont installes a plus de 90 p. 100 en Guinee forestiere, les Peuls a plus de 80 p. 100 dans le Fouta-Djalon et les Soussou a plus de 75 p. 100 en Guinee maritime. Seuls les Malinke ont une implantation moins concentree: de leur zone principale, la haute Guinee (46 p. 100), ils debordent sur la Guinee forestiere (35 p. 100) et sur le Fouta-Djalon (14 p. 100). Il est possible que cette repartition se soit quelque peu modifiee depuis 1955, mais aucune enquete n'a ete effectuee mesurant les deplacements de population, tant a l'interieur qu'a l'exterieur du pays. Les caracteristiques demographiques generales de la population demeurent mal connues depuis le recensement scientifique de 1955. Des quatre recensements effectues par la suite, seul le dernier (1983) permet une estimation provisoire en attendant des informations relativement fiables. Quoique certains coefficients de redressement utilises soient contestables, on peut retenir comme chiffre de population residente celui de 5 700 000 en 1990. Le taux de croissance propose est de 2,8 p. 100. La population active s'eleverait a 53 p. 100 du total et d'autres taux seraient comparables a ceux de la plupart des Etats africains: les moins de quinze ans representent 42 p. 100 de la population. En Afrique de l'Ouest, la Guinee fait ainsi figure de pays relativement peu peuple. Avec une densite moyenne de 19 habitants au kilometre carre, elle se trouve en situation de sous-peuplement au regard d'une mise en valeur intensive. Cette densite moyenne recouvre evidemment de tres fortes variations selon les regions naturelles du pays, selon les prefectures (de 7 a 57). La haute Guinee (9 hab./km2) constitue une sorte de desert demographique entre les deux regions du Fouta-Djalon (23) et de la Guinee forestiere (18). La capitale, Conakry, exerce une attraction considerable. Elle aurait vu sa population passer de 78 000 habitants en 1958 a plus de 750 000 (?) en 1984. C'est la un rythme de croissance rapide et tres eleve, mais qui demeure comparable a celui de nombreuses capitales africaines. La plupart des autres, centres urbains (Kankan, N'Zerekore, Kindia, Kamsar, Kissidougou, Fria, Labe...) auraient plus que double en dix ans. Neanmoins, l'urbanisation, phenomene relativement recent, reste d'une assez faible ampleur: 19 p. 100 de la population totale vivraient dans une dizaine d'agglomerations de 10 000 habitants. Pour autant, les effets economiques et sociopolitiques ne peuvent etre sous-estimes: phenomenes d'acculturation ou de deculturation, emplois, importations alimentaires, equipements urbains, encadrement politique.
ECONOMIE
Le taux de croissance economique de la Guinee augmente (2,5 % en 1991, 4,6 % en 1995). Les depenses d'infrastructure ont redemarre grace a l'etablissement de relations avec le FMI et la Banque mondiale et a la privatisation de societes d'Etat. Il en a resulte une forte diminution de l'inflation, ce qui favorise le developpement economique tant attendu. Mais la production alimentaire par habitant a diminue de 0,3 % par an entre 1979 et 1993 et la relance exportatrice est difficile a realiser sur des marches mondiaux satures. Le seul espoir a court terme demeure l'intensification de la peche maritime industrielle.
Agriculture
La Guinee rurale est aussi diverse que ses milieux naturels. La frange littorale est le domaine de peuples riziculteurs qui ont colonise les mangroves et les ont transformees en rizieres inondees. Les terres d'altitude du Sud-Est sont peuplees par des riziculteurs de montagne qui pratiquent la culture pluviale. En haute Guinee, les terroirs malinkes, plus diversifies, associent riz de bas fonds et riz sous pluie, et la cerealiculture combine mil, sorgho et fonio, auxquels s'ajoute le manioc. Le fonio est la culture principale dans le Fouta-Djalon, ou les hauts plateaux colonises par les Peuls au XVIIIe siecle demeurent une terre d'elevage, concentrant la moitie du troupeau bovin national. L'une des priorites des dirigeants militaires qui ont pris le pouvoir en avril 1984 fut de relancer la production agricole, qui faisait vivre directement 80 % de la population mais ne contribuait que pour 30 % au PIB. La liberation des prix et la dissolution des societes d'Etat ont eu des effets positifs pour les producteurs. La reprise semble manifeste pour la production cerealiere (riz notamment) comme pour les cultures d'exportation: 30 000 t de cafe en 1994 contre 6 000 en 1974, 15 000 t de coton en 1994 contre moins de 2 000 en 1987, 108 000 t d'arachides contre 27 000 en 1974. Toutefois, la balance agricole est deficitaire (3 % du PNB), car l'approvisionnement des villes, surtout de Conakry, repose toujours sur des importations de riz, qui ne cessent de croitre, car les reexportations vers les marches deficitaires (Liberia, Guinee-Bissau, Mali, Cote-d'Ivoire) sont fructueuses pour les grands commercants. Le troupeau bovin est estime a 2,7 millions de tetes [1996] et l'aviculture intensive a ete developpee dans les aires periurbaines. La foret produit 4,7 millions de m? de bois.
Ressources minieres et industrie
La Guinee possede un riche sous-sol. Les activites minieres assurent 80 % des recettes d'exportation du pays, 65 % des recettes fiscales de l'Etat et 25 % du PIB. Avec en moyenne 16,5 millions de tonnes/an de bauxite, la Guinee est le deuxieme producteur et le deuxieme exportateur mondial de bauxite (15 % des ventes mondiales); elle detient le tiers des reserves mondiales connues de bauxite a forte teneur en alumine (45 a 55 %). Le dispositif de la bauxite comprend trois complexes extractifs: Fria-Kimbo, exploite par le consortium FRIGUIA, dont une partie de la production est transformee en alumine (640 000 a 650 000 t) par la societe mixte FRIALCO et exportee par Conakry; Boke-Sangaredi, exploite par la Compagnie des bauxites de Guinee (CBG), dont la production brute est exportee par le port de Kamsar; Kindia-Debele, mis en exploitation avec l'aide de l'URSS, a laquelle le minerai de l'Office des bauxites de Kindia (OBK) etait reserve, dont la production brute est exportee vers la Russie par Conakry. La Guinee possede egalement de considerables ressources en minerai de fer (sites du Nimba et du Simandou). L'or (4 a 5 t par an), exploite dans le bassin de Siguiri par la Societe aurifere de Guinee, les diamants (63 millions de dollars d'exportation, exploites par l'Aredor; mais l'extraction des diamants du triangle forestier Kerouane-Beyla-Macenta, qui alimente la contrebande avec la Sierra Leone, n'a pas suscite d'investissements industriels), mais aussi le plomb, le zinc et l'uranium (non encore exploites), completent une panoplie d'autant plus interessante que le potentiel hydroelectrique est impressionnant, 30 milliards de kWh pour le Fouta-Djalon et la Dorsale guineenne, dont 12 milliards equipables dans le bassin du Konkoure (barrage de Garafari). La production d'alumine premiere transformation de la bauxite en aluminium est en progression. L'industrie manufacturiere demeure indigente, reduite a quelques etablissements localises surtout a Conakry
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